La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) est devenue un levier stratégique pour les entreprises engagées dans une démarche RSE. Encore faut-il savoir mesurer l’impact de ces actions concrètement. Quels indicateurs utiliser ? Comment intégrer la QVCT à une stratégie RSE cohérente et performante ? Cet article vous guide pas à pas.
Relier la QVCT à la stratégie RSE
Depuis la réforme du Code du travail en 2017, la prévention des risques professionnels, la santé au travail et la QVCT sont devenus des piliers de la politique sociale de l’entreprise. L’accord national interprofessionnel (ANI) de 2013, revisité en 2020, inscrit la QVCT dans une logique d’amélioration continue et de dialogue social structuré. Par ailleurs, l’article L. 4121-1 du Code du travail impose à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Dans ce contexte, intégrer les démarches QVCT dans une politique RSE ne relève pas seulement d’un choix stratégique, mais également d’une réponse aux obligations réglementaires. C’est aussi un levier de performance durable, en lien avec les attentes des parties prenantes (salariés, clients, partenaires, investisseurs).
La norme ISO 26000, bien qu’indicative, encadre la responsabilité sociétale des organisations et reconnaît la santé et la sécurité au travail comme un domaine d’action fondamental relevant de la sphère sociale de la RSE.
Identifier les bons indicateurs pour évaluer les actions QVCT
Pour rendre les démarches QVCT lisibles et efficaces, il est essentiel de les évaluer au moyen d’indicateurs fiables. Ces indicateurs doivent refléter à la fois les résultats obtenus et les moyens engagés.
Indicateurs de résultats
Les indicateurs de résultats mesurent les effets concrets des actions de prévention mises en œuvre. Ils peuvent être suivis dans le temps pour détecter des tendances.
- Le taux d’absentéisme, ventilé par service, cause ou durée
- Le nombre d’accidents du travail et le taux de fréquence ou de gravité (conformément aux données de la CNAM)
- Le turnover ou taux de rotation du personnel
- Les résultats d’enquêtes internes sur la qualité de vie au travail (baromètre social, audits, etc.)
- Le taux de satisfaction des collaborateurs, mesuré par des outils comme l’eNPS ou des questionnaires personnalisés
Indicateurs de moyens
Les indicateurs de moyens traduisent l’engagement réel de l’entreprise à travers les ressources mobilisées pour améliorer la QVCT.
- Le nombre d’heures consacrées à la formation en santé et sécurité
- Le pourcentage du budget RH dédié à la prévention
- Le nombre de réunions du CSE consacrées à la QVCT ou à la prévention
- L’intégration de la QVCT dans les plans d’action ou les revues de direction (dans les entreprises certifiées ISO)
Ces indicateurs peuvent être intégrés dans un tableau de bord RSE plus large, qui aligne les objectifs de performance sociale avec les autres axes (environnement, éthique, gouvernance).
Outils pour mesurer l’impact QVCT
Voici quelques outils fiables et officiels pour suivre vos indicateurs :
Baromètre QVCT de l’Anact
Propose des questionnaires en ligne permettant d’évaluer les conditions de travail, le climat social, le contenu du travail ou l’autonomie des salariés.
Score RSE de l’Afnor
Permet de s’autoévaluer selon la norme ISO 26000, avec un focus sur les actions sociales, notamment la santé au travail
Silae
Une plateforme qui permet d’identifier les axes de progrès en QVCT (portée par des acteurs publics).
DPEF – Déclaration de Performance Extra-Financière
Obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, impose de rendre compte des actions menées en matière sociale, incluant les risques professionnels et les conditions de travail. Informations disponibles sur : www.legifrance.gouv.fr
Une méthodologie d’intégration à long terme
Relier QVCT et RSE nécessite une démarche structurée reposant sur trois étapes principales.
Premièrement, il convient d’élaborer un diagnostic partagé, en s’appuyant sur des audits internes ou des outils externes comme ceux proposés par l’ANACT. Ce diagnostic permet d’identifier les priorités, de cartographier les risques et d’aligner les objectifs de QVCT sur les enjeux stratégiques.
Deuxièmement, les entreprises doivent formuler des objectifs mesurables, assortis d’indicateurs adaptés. Ces indicateurs doivent être suivis régulièrement et intégrés dans les processus de pilotage global de la performance, notamment via le système de management ou la revue RSE annuelle.
Troisièmement, la communication des résultats est essentielle. Elle permet de valoriser les efforts, de fédérer les collaborateurs autour d’un projet d’entreprise responsable, et de répondre aux attentes croissantes des parties prenantes sur la transparence sociale.
Aligner prévention et stratégie RSE
Mesurer l’impact des actions QVCT dans une logique RSE ne relève pas de l’intuition, mais d’un véritable pilotage structuré. Grâce à des indicateurs de performance bien choisis, des outils adaptés et une démarche alignée sur les exigences réglementaires, les entreprises peuvent donner du sens à leur politique sociale et démontrer concrètement leur engagement en matière de prévention et de qualité de vie au travail. Ce lien clair entre QVCT et RSE constitue aujourd’hui un facteur de différenciation durable et un levier de performance collective.