Qu’est-ce que le DUERP et pourquoi est-il essentiel dans le secteur tertiaire ?
Le DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels) constitue un levier indispensable pour identifier et prévenir les dangers auxquels sont exposés les salariés. Il revêt un caractère légal incontournable, mais il doit être perçu avant tout comme un outil stratégique pour préserver la santé, le bien-être et la performance globale de l’entreprise Ministère du Travail. Malheureusement, il reste sous-utilisé, souvent considéré comme une simple obligation formelle à remplir.
Un diagnostic alarmant : un DUERP souvent obsolète
Les chiffres sont sans appel : en 2019, seules 46 % des entreprises privées déclaraient disposer d’un DUERP à jour, c’est-à-dire rédigé ou actualisé au cours des 12 derniers mois. Cette proportion grimpe à 91 % pour les grandes entreprises de plus de 250 salariés, tandis qu’elle chute à 41 % pour les structures de moins de 10 salariés. Pire encore, les entreprises ne portent ce document essentiel à la connaissance du personnel que dans 77 % des cas. Ce constat met en lumière la faiblesse de la prévention dans une large part des entreprises, particulièrement les plus petites.
Des risques négligés malgré leur fréquence
Dans les DUERP utilisés, la prévention des risques physiques est plus courante (52 % des établissements ont mené au moins une action de prévention dans l’année). En revanche, les risques psychosociaux (RPS) restent en retrait : seulement 33 % des entreprises ont entrepris une action de prévention sur les trois dernières années. Même lorsqu’ils déclarent plus de trois facteurs de RPS, 35 % des établissements ne mettent en place aucune mesure de prévention, contre 19 % pour des risques physiques similaires.
Conséquences humaines, juridiques et réputationnelles
La conséquence humaine est réelle : en 2023, les troubles musculosquelettiques (TMS) représentaient 88 % des maladies professionnelles, avec une augmentation de 9,5 % par rapport à 2022. Sur le plan juridique, un DUERP obsolète expose l’entreprise à des sanctions : en cas d’accident ou de maladie professionnelle grave, cela peut être qualifié de faute inexcusable de l’employeur. À cela s’ajoutent les amendes (jusqu’à 7 500 € pour une personne morale), sans compter la perte de confiance au sein des équipes et l’impact négatif sur l’image de l’employeur.
Le DUERP, levier de Qualité de Vie au Travail (QVT) encore sous-exploité
Malgré son potentiel, les entreprises réduisent souvent le DUERP à une formalité bureaucratique, se concentrant sur les risques physiques, impliquant peu les salariés et négligeant son lien avec la QVT. Pourtant, lorsque construits avec le concours des collaborateurs, impliquant les représentants du personnel et les services de prévention, les DUERP sont plus pertinents et mieux actualisés.
Exemples concrets d’entreprises françaises performantes
Certaines entreprises françaises du tertiaire illustrent que le risque DUERP peut se transformer en opportunité. BNP Paribas a instauré des cellules d’écoute et des formations visant à prévenir les RPS, démontrant qu’un DUERP bien exploité peut favoriser le bien-être. Société Générale a misé sur l’ergonomie des postes de travail et un télétravail encadré pour réduire les TMS. Capgemini a quant à elle modernisé ses systèmes de ventilation et mené des campagnes internes pour améliorer la qualité de l’air et la prévention des risques numériques. Ces initiatives illustrent que le DUERP, lorsqu’il est bien conçu, renforce la performance globale.
Points complémentaires à retenir
- Un DUERP bien utilisé : c’est une évaluation dynamique, impliquant les salariés, les représentants du personnel (CSE), et mis à jour au minimum chaque année.
- Recours aux experts externes : seulement 35 % des employeurs font appel à des conseils externes pour élaborer leur DUERP, alors qu’un tel accompagnement favorise une prévention plus efficace (68 % de DUERP à jour vs 46 % en moyenne).
- Importance des RPS : malgré leur fréquence, les risques psychosociaux restent largement sous-évalués dans les DUERP ; pourtant, leur prévention est essentielle pour limiter les RPS, le stress et les TMS.
Faire du risque DUERP un atout, pas un fardeau
Le DUERP n’est pas une contrainte, mais un formidable levier de prévention et d’amélioration de la Qualité de Vie au Travail. Les statistiques sont préoccupantes : moins de la moitié des entreprises tiennent leur DUERP à jour, elles ignorent trop souvent les RPS et subissent de lourdes conséquences sur le plan humain, réglementaire et financier. Pourtant, des exemples concrets comme ceux de BNP Paribas, Société Générale ou Capgemini montrent qu’une approche proactive et collaborative transforme le risque DUERP en un véritable atout organisationnel.