Le questionnaire RPS (Risques Psychosociaux) est un outil incontournable pour mesurer précisément l’exposition des salariés aux facteurs de stress et de mal-être au travail. Pour garantir la fiabilité et l’actionnabilité des résultats, sa conception exige méthode, technicité et respect des bonnes pratiques. Découvrez 10 conseils pragmatiques pour bâtir un questionnaire RPS performant.
1. Clarifiez les objectifs de votre questionnaire RPS
Avant de structurer votre questionnaire RPS, il est impératif de cadrer précisément l’objectif : s’agit-il de réaliser un diagnostic global, d’analyser un service ciblé, de préparer des actions correctives dans le DUERP ou de suivre une situation de crise ? Déterminez également si vous souhaitez mesurer une évolution après un changement organisationnel ou traiter un contexte spécifique (télétravail, fusion…). Cette clarification conditionne le choix des questions, leur niveau de détail et le format des analyses attendues.
2. Adaptez votre questionnaire RPS au contexte de l’entreprise
Les questionnaires RPS doivent refléter la réalité de votre structure. Pour cela, il est souvent pertinent de bâtir un document hybride, combinant une base validée scientifiquement (ex : Karasek, Siegrist, COPSOQ) et des modules sur-mesure ouverts ou fermés, adaptés à l’organisation, aux métiers ou à l’actualité sociale de l’entreprise. Un accompagnement par un expert permet de choisir les modèles existants et construire les parties personnalisées réellement pertinentes.
3. Structurez le questionnaire RPS autour des grandes dimensions validées
Un questionnaire RPS efficace couvre obligatoirement les 6 axes du Rapport Gollac : intensité/temps de travail, exigences émotionnelles, autonomie, relations sociales/ reconnaissance, conflits de valeurs, insécurité socio-professionnelle. Pour chaque axe, sélectionnez des indicateurs précis (exemple : « Ai-je la possibilité d’organiser mon travail comme je le souhaite ? » pour l’autonomie). L’utilisation de modèles éprouvés (Gollac, Karasek, COPSOQ) garantit robustesse et légitimité.
4. Multipliez intelligemment les types de questions dans votre questionnaire RPS
Un questionnaire RPS bien conçu alterne :
- Questions fermées sur échelles (type Likert 1-5 par fréquence ou intensité), pour des résultats facilement exploitables statistiquement.
- Questions ouvertes à la fin de chaque axe : elles recueillent les nuances, signaux faibles ou situations concrètes pouvant échapper à la métrique.
- Questions sociodémographiques anonymes (tranche d’âge, fonction, ancienneté, équipe) : elles autorisent des croisements sans compromettre l’anonymat.
Variez les formulations pour éviter l’habituation et limitez le nombre total de questions pour ne pas lasser.
5. Rédigez chaque item du questionnaire RPS avec clarté et neutralité
La qualité de vos résultats dépend de la précision des questions. Évitez les double questions (« Pensez-vous que votre charge est lourde et que votre autonomie est faible ? ») et les termes ambigus (« trop », « rarement »). Privilégiez la neutralité et les formulations courtes. Faites systématiquement relire le questionnaire par différents profils (RH, managers, salariés) pour détecter les biais ou incompréhensions.
6. Garantissez rigoureusement l’anonymat et la confidentialité
Communiquez fermement sur l’anonymat avant diffusion : expliquez la gestion des données, le respect du RGPD, l’absence de croisement individuel, et donnez le contact DPO de l’entreprise. Privilégiez des outils d’enquête numériques hébergés en Europe (LimeSurvey, Sphinx, Typeform) où l’accès aux réponses individuelles est impossible. L’anonymat conduit à des réponses honnêtes et un fort taux de participation.
7. Testez votre questionnaire RPS en conditions réelles
Avant le déploiement sur l’ensemble des effectifs, effectuez un « pilote » :
- Constituez un panel représentatif de test (métiers, ancienneté, statuts, lieux…) qui remplira le questionnaire RPS en conditions réelles.
- Analysez les temps de réponse, l’interprétation des questions et la qualité des verbatims obtenus.
- Ajustez la longueur, reformulez si nécessaire et éliminez tout item redondant ou peu discriminant.
8. Choisissez et configurez la solution technique adaptée pour votre questionnaire RPS
Sélectionnez des plateformes professionnelles répondant à vos exigences de sécurité, d’anonymat, de restitution graphique et d’export des données. Privilégiez des solutions qui permettent la diffusion par mail, smartphone ou QR code avec des relances automatiques configurables. Assurez-vous que la plateforme autorise, à la demande, des analyses croisées et la restitution par groupe métier. Soyez attentif à la facilité d’utilisation pour maximiser la complétion.
9. Mettez en œuvre une communication interne engageante autour de votre questionnaire RPS
Le taux de retour découle d’une communication claire et impliquante : organisez des réunions d’information, rédigez des messages didactiques, impliquez l’encadrement intermédiaire. Rappelez que l’objectif est bien l’amélioration du quotidien au travail, et non le contrôle individuel. Rédigez aussi un calendrier précis (dates limites, relances) pour que chacun ait le temps de participer.
10. Analysez, restituez et exploitez les résultats du questionnaire RPS de façon professionnelle
L’analyse statistique doit identifier les zones à risque (scores extrêmes, verbatims convergents), vérifier la représentativité des panels, et appliquer des seuils d’alerte adaptés pour prioriser les chantiers. Présentez les résultats de façon visuelle, par axes thématiques et par sous-groupes pertinents. Organisez des restitutions collectives et anonymes, puis animez des ateliers pour décliner un plan d’actions concret, dont l’efficacité sera suivie lors de baromètres RPS réguliers. Croisez systématiquement avec les autres indicateurs sociaux (absentéisme, accidents, turn-over).
Un questionnaire RPS performant se construit en alliant méthode, technique, contextualisation et robustesse des analyses. Plus vous serez précis, plus vous poserez les bases d’une vraie culture de prévention.

